
16. Potence de la ville de Luxembourg
16. Potence de la ville de Luxembourg
Sur le territoire de la ville, il y avait trois endroits où se trouvaient autrefois des potences, c'est-à-dire des lieux où les criminels étaient exécutés. Vous vous trouvez actuellement sur un de ces lieux, à savoir à l'endroit où se trouvait la potence respectivement du comté et du duché de Luxembourg jusqu'au début du XIXe siècle.
Les potences étaient toujours érigées sur des collines à l'extérieur de la ville afin que tout le monde puisse les voir de loin, ce qui était particulièrement efficace lorsque les exécutés se balançaient encore au bout d'une corde et que les corbeaux déchiquetaient les corps. L'objectif de ce choix de lieu était la dissuasion: en montrant l'atrocité de l'exécution, on comptait inciter les éventuels criminels à renoncer à leur ignoble projet.
En même temps, les potences étaient le symbole de la haute justice, c'est-à-dire du droit de prononcer la peine de mort et de procéder aux exécutions. Les seigneurs de la ville voulaient ainsi exprimer leur pouvoir et leur volonté de faire régner la loi et l'ordre.
Les exécutions étaient un véritable spectacle populaire à une époque où les possibilités de divertissement étaient très limitées ce qui faisait que tout le monde y assistait, même les enfants. Cependant, cette foule de curieux posait également des problèmes, comme le fait que les champs autour de la potence étaient piétinés et les récoltes détruites. C'est pourquoi les lieux d'exécution furent déplacés dans la mesure du possible à des endroits où les dégâts restaient limités, à savoir devant les portes de la ville, sur des terrains libres et non bâtis.
Ceux qui travaillaient comme bourreaux le faisaient généralement en tant qu'indépendants et se déplaçaient de ville en ville pour offrir leurs services. Ils étaient mis au ban de la société puisqu’ils exerçaient une profession « malhonnête », c'est-à-dire une activité qui n’était pas honorable, car liée à la mort. Les bourreaux étaient exclus de la communauté urbaine: ainsi, ils avaient des bancs séparés tout au fond de l'église, dans le coin le plus sombre, et une table à part dans les auberges. Ils devaient également vivre à l'extrême périphérie de la ville et souvent même devant les murs de la forteresse, car personne ne voulait d'eux comme voisins. De plus, il était souvent difficile pour les bourreaux de trouver une épouse, car aucune femme ne voulait partager leur condition de vie misérable.
Avant l'introduction du « Code civil » de Napoléon, les lois étaient très dures et même les plus petits délits étaient punis avec une sévérité inhumaine. De plus, les accusés n'avaient pratiquement aucune chance de se défendre devant le tribunal. L'exécution par pendaison était la peine prévue pour le petit peuple, c'est-à-dire les membres du Tiers État. Les nobles et les ecclésiastiques avaient le privilège de la décapitation.
L'emplacement de la potence servait également pour d'autres types d'exécution comme le bûcher, la roue ou l'écartelage, des peines cruelles infligées pour des délits graves comme l'incendie criminel, l'inceste ou l'infanticide.
Depuis la fin du XVIIIe siècle, grâce au mouvement philosophique des Lumières, il y eut de moins en moins de condamnations à mort. Finalement, la haute justice de la ville fut supprimée au XIXe siècle et le dernier bourreau travaillait dorénavant comme équarrisseur.
Détail intéressant
Description d'une exécution :
« Arrivé au pied de la potence, le bourreau est le premier à monter à reculons sur l'échelle et, à l'aide de cordes attachées, il oblige le délinquant qui porte déjà la corde au cou à le suivre lentement.
Arrivé en haut, le bourreau attache précipitamment la corde à la barre transversale de la potence et pousse avec le genou sa victime dans le vide depuis les barreaux de l'échelle. Il pose ensuite ses pieds sur les mains liées en arrière du délinquant et, tout en s'accrochant au bois de la potence, il le balance dans l'autre monde en lui donnant un coup vigoureux. »
Importance pour les droits de l’homme
L'abolition de la peine de mort a été un pas fondamental et significatif vers la protection et le respect de la dignité humaine au Luxembourg. Des lieux comme celui-ci, témoins de terribles souffrances et d'une peur épouvantable, doivent nous rappeler qu'aucun être humain, même délinquant, ne doit être soumis à une peine aussi inhumaine et cruelle.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.